Sur l’avenue de Wagram, à deux pas de la place du Brésil, dans le 17ᵉ arrondissement de Paris, se dresse l’imposante façade en pierre d’un immeuble de bureaux moderne. Pourtant, ce n’est qu’une apparence, puisque ce bâtiment a fait l’objet de plusieurs transformations au fil des époques. À l’origine, ce n’était qu’un édifice à ossature bois, datant de la fin du XIXᵉ siècle, limité à deux niveaux. C’est au tournant des années cinquante et soixante qu’il a gagné cinq étages supplémentaires pour s’élever sur sept niveaux, capables d’accueillir à la fois des logements et des bureaux.
Il s’est inscrit en cohérence avec le tissu urbain dense des alentours. Sa façade Est donne sur l’avenue de Wagram, axe parisien animé et très fréquenté, tandis que sa façade nord se tourne vers un cœur d’îlot plus discret, en retrait. Cette situation urbaine dense est un collage de constructions hétérogènes, aux époques variées ; elle impose une logique d’adaptation réciproque, où chaque intervention architecturale compose avec les traces, les volumes et les intentions des édifices voisins.
Le projet part d’un constat d’obsolescence thermique et technique, motivant une restructuration lourde de l’existant, complétée par une surélévation.
Côté rue, la façade en pierre est isolée et retravaillée avec de la pierre extraite des carrières calcaires de Souppes, situées à proximité du site. Le calepinage est un délicat jeu de textures sur les pierres de parement, grâce à l’alternance de deux finitions : clivée sur les meneaux et égrisée sur le reste de la façade. Chacune des menuiseries existantes a été remplacée par des fenêtres élancées, dont le dormant se dissimule derrière le calepinage précis de la façade. Tous ces éléments assemblés révèlent un travail de modénature discret et équilibré.
Autrefois opaque et inaccessible aux personnes à mobilité réduite, le hall d’entrée s’ouvre désormais sur la rue grâce à de larges baies vitrées toute hauteur. Une nouvelle grille en acier, à la fois légère et monumentale, marque l’entrée avec élégance. La présence du bâtiment est redéfinie dans l’espace public par sa transparence et son intégration au cadre bâti.
À l’arrière, côté cœur d’îlot, la surélévation sur quatre niveaux frôle sans toucher le bâti voisin. Sa façade en brique présente, aux angles, des retours arrondis qui semblent déposer le volume de la construction sans altérer l’existant. Elle s’inscrit dans son environnement immédiat, établissant une continuité grâce à la sobriété de sa palette matérielle et à l’équilibre de son implantation volumétrique. Par ailleurs, l’appareil de la façade, soigneusement ordonnancé, permet de répondre aux besoins en lumière des nouveaux espaces de la surélévation.
À l’intérieur, l’ensemble des espaces a été dépouillé de ses cloisons afin d’être redistribué et optimisé. Ces nouveaux bureaux se veulent modulables et adaptables. Les prolongements extérieurs, pensés comme des extensions naturelles des espaces de travail, offrent une respiration sur la ville, ouvrant les bureaux à l’horizon urbain.
L’articulation du chantier et sa logistique ont constitué un défi majeur dans cette restructuration. Paris est un milieu urbain dense qui complexifie le processus de construction : l’acheminement des matériaux est ralenti ou difficile à mettre en place, et les nuisances sonores doivent être réduites au maximum. Construire en milieu occupé est un dialogue permanent entre une multitude d’acteurs.
Au-delà de l’architecture, ce projet répond à l’enjeu de la vacance des bureaux à Paris. Par une rénovation énergétique ambitieuse et la création de surfaces supplémentaires, il redonne de l’attractivité au bâtiment. Cette stratégie s’inscrit dans une démarche de conformité et de qualité, reconnue par la labellisation BBC Effinergie Rénovation
Paris
Surélévation / Rénovation
2025
Yohann Fontaine